Lorsque la récolte de foin n’est pas suffisante
Le système digestif du cheval est particulièrement sensible aux perturbations. Pour bien fonctionner, il exige un fourrage grossier de haute qualité.
Image: Janine Schlatter
Le fourrage grossier constitue la base d’une alimentation adaptée aux besoins des chevaux. Il est recommandé d’en affourager environ 1,5 kg par 100 kg de poids corporel et par jour.
Ce type de fourrage remplit deux fonctions essentielles pour le bien-être des chevaux : d’une part, il dispose de fibres longues qui incitent à la mastication, ce qui occupe l’animal tout en stimulant la production de salive, indispensable pour maintenir un pH stable dans l’estomac ; d’autre part, il stabilise la digestion. Chez le cheval, le cæcum et le côlon, qui représentent plus de 50 % du volume total du système digestif, jouent un rôle clé dans ce processus. Les microbes présents dans ces parties du système digestif se servent de la cellulose brute comme substrat, qu’ils décomposent en acides gras à chaîne courte, une source d’énergie pour le cheval. De plus, ces microorganismes produisent des vitamines hydrosolubles et libèrent certains minéraux, les rendant assimilables pour l’organisme. Cependant, pour que ces mécanismes fonctionnent, l’apport en fibres doit être continu.
Le foin est le fourrage grossier idéal pour les chevaux.
La qualité du fourrage est décisive
Pour répondre aux besoins nutritionnels des chevaux, le fourrage grossier ne doit pas être haché trop court et doit présenter une structure plutôt grossière. Le foin, qui constitue ici le fourrage idéal, est de qualité lorsqu’il se compose d’un mélange équilibré de graminées variées, fauchées suffisamment haut, séchées au sol et stockées avec un minimum d’impuretés. Il doit également contenir peu de poussière et avoir une odeur agréable. Une faible contamination par les mycotoxines, qui sont un produit du métabolisme des moisissures, est également un critère essentiel.
Evaluer la qualité de son fourrage
Le foin et l’ensilage pré-fané (« haylage ») constituant la base de l’alimentation hivernale, il est recommandé de soumettre les stocks de fourrage grossier à un examen minutieux. La couleur, la structure et l’odeur donnent des premières indications sur la qualité de ce dernier. Le laboratoire peut ensuite analyser la teneur en nutriments et détecter la présence éventuelle de germes indésirables ou de mycotoxines.
Les prairies produisant du fourrage grossier pour les chevaux doivent idéalement être fauchées entre le milieu et la fin du stade de floraison des graminées. Cette année, en raison du temps humide et des sols très peu praticables, la fenaison a souvent été retardée. Cependant, dans certaines régions de courtes fenêtres de beau temps ont permis la production d’ensilage pré-fané.
Les premiers résultats des analyses de la récolte de 2024 réalisées par UFA (cf. encadré) révèlent des tendances nationales, bien que les résultats puissent varier selon les régions.
Quelles alternatives ?
Si les stocks ou la qualité du fourrage grossier sont insuffisants, il existe des produits de remplacement. Il convient de distinguer si le foin doit être entièrement ou partiellement substitué.
En cas de substitution complète, il est conseillé d’opter pour des produits contenant des fibres longues, comme les « bricks » et les « balls ». Avant d’être pressé, le composant principal qu’est le foin est soigneusement secoué et purifié, rendant ces produits exempts de poussière.
Une étude minutieuse des stocks est recommandée.
Pour une substitution partielle, des produits fibreux plus transformés, comme les granulés, bouchons, flocons ou mélanges hachés peuvent être utilisés. Leur but principal est de servir de substrat aux microbes du cæcum et du côlon, favorisant ainsi une digestion optimale. Cependant, en raison de la petite taille de particules, ces produits ne sont pas suffisamment mastiqués, ce qui impose de les faire tremper avant de les présenter.
Récolte 2024 de fourrage grossier
Les premières analyses des fourrages secs de la récolte 2024 montrent une teneur moyenne en protéine brute de 101 g / kg MS et une teneur en cellulose brute de 279 g / kg MS. Cette dernière, nettement plus élevée qu’en 2023, confirme la récolte tardive. Quant à la teneur en énergie, elle est en moyenne inférieure de 10 % par rapport à 2023. Ces valeurs sont parfaitement adaptées à l’approvisionnement en cellulose brute des chevaux. Les autres besoins en nutriments peuvent être facilement comblés avec une alimentation complémentaire appropriée.
Pour ce qui est de l’ensilage pré-fané, les récoltes ont souvent été effectuées plus tôt en raison des pluies annoncées, ce qui s’est traduit par des teneurs en cellulose brute plus faibles (Ø 220 g / kg MS) en regard de 2023 (Ø 265 g / kg MS). En revanche, les teneurs en protéine brute et en énergie sont similaires à celles de l’année précédente.
La météo humide, ponctuée de brefs épisodes de chaleur, a augmenté le risque de moisissures dans certaines régions. En cas de suspicion d’infestation fongique ou de contamination par des mycotoxines, il est impératif de commander une analyse. Il est également à noter que la qualité de la paille risque d’être inférieure à la moyenne cette année en raison de l’été pluvieux.